Violences en cuisine : vers une transformation durable ?

  • Temps de lecture : 2 min

Pauline De Waele, rédactrice en chef de La Revue des Comptoirs, réagit à l’actualité des CHR.

Pauline de Waele
Pauline de Waele © Au Cœur des Villes

Alors que la vie reprend au restaurant et qu’on observe une joyeuse effervescence du côté des équipes, il ne faut pas pour autant balayer des sujets majeurs qui ont commencé à émerger avant la crise de la Covid-19. Près de trois ans après le retentissement mondial de MeToo, l’omerta règne encore dans les cuisines françaises.

Même si la parole commence à se libérer, les témoignages se multiplient tout comme les plaintes pour violences. Le compte Instagram « Je dis non chef ! », créé par Camille Aumont Carnel, a été le détonateur qui fait voler en éclats des décennies de silence.

Ce dernier partage les témoignages des femmes et des hommes harcelés et agressés dans les cuisines ainsi que toutes les discriminations que peuvent subir les membres d’une brigade. Si la presse grand public a commencé à s’emparer du sujet, il trouve encore peu d’écho dans la presse professionnelle.

Nous avons donc décidé d’enquêter sur ces abus, non pour porter un regard moralisateur mais pour tenter de comprendre les mécanismes de cette violence, car des coups de poing aux brûlures, en passant par le harcèlement sexuel et le racisme, la plupart des grands chefs en ont fait les frais eux-mêmes pendant leur formation. Il existe une inertie de la part des écoles sur le sujet alors que le monde scolaire et le milieu professionnel sont intimement connectés.

Si on apprend à devenir cuisinier, peu de chefs ont été formés à la gestion des équipes. Or il existe aujourd’hui des dispositifs de sensibilisation, il ne faut pas hésiter à y recourir. Au-delà des témoignages recueillis, nous avons donc cherché à apporter des solutions concrètes pour agir tous ensemble. L’idée n’est pas de mener une révolution contre les chefs, mais bien avec eux. Espérons que cette période post-Covid soit celle d’une transformation durable des pratiques en cuisine.

PARTAGER